lundi 11 mai 2009

La génération Z

Notre cerveau est ainsi fait que nous devons tenter de saisir dans le chaos un ordre nous le rendant plus compréhensible. C'est ainsi que nous accordons, depuis de nombreuses décennies, des noms et des attributs aux générations qui se succèdent. Celles-ci sont généralement modelées par des évènements majeurs qui ponctuent leur temps, surtout les crises car, on le sait bien, les jeunes veulant toujours tenter de faire mieux que ce que leurs aînés ont pus accomplir, voient dans les crises une opportunité de changer les choses à leur image.

Il y eut la génération qui aura vécut la Grande Dépression, que l'on disait tellement travaillante, résiliente et imaginative*, marquée par la crise économique mais aussi par la Seconde Guerre mondiale.

La génération des Baby Boomers qui l'aura suivit et qui se sera définit dans les révolutions sociales de la fin des années soixantes et par la Guerre du Vietnam, pour les américains du moins.

La génération des X fût quant à elle une génération désabusée, marquée par les recessions des années 80 et 90 et pour qui l'État social et les syndicats, tous noyauté par les baby boomers, empêchaient l'accession aux bons emplois. C'est une génération qui aura toujours porté le poids de la précédente.

Il y aurait supposément eut les Y par la suite, mais d'une certaines façon, ils tombent entre les X et les Z, n'ayant pas vraiment été définit par des crises majeures et ne s'étant pas particulièrement définis par opposition à la génération les précédant. J'imagine que dans ma classification, ll faut donc probablement les compter parmi les X ou les Z selon le groupe qui les représente le mieux.

Les Z quant à eux sont encore forts jeunes. Si l'on y inclut les jeunes nés entre la moitié des années 80 et la moitié des années 90, on peut facilement voir quelles crises les définiera: le 11 septembre 2001 et la présente crise économique. En fait, c'est plus la réaction américaine aux attentants du World Trade Center qui les aura marqué, ces années Bush que nous souhaitons tous oubliés mais qui resteront graver dans notre mémoire comme autant de souvenirs honteux.

Je crois que, comme les générations précédentes, ils forgeront une partie de leur identité en opposition aux valeurs représentées par la génération précédente. Or, si on accepte que la génération X était celle du désengagement politique et social, un désabusement généralisé et une certaine tendance vers une droite individualiste et matérialiste, il est assez facile de voir quelle direction les Z pourraient prendre: la gauche engagée.

Les causes de leurs crises majeures sont aussi le résultat de certains mouvements de droite arrogants. La clique à Bush, néo-conservatrice inspirée fortement du reaganisme sans l'éthique minimum qui y était associée, aura rappelé à tous comment le combat politique doit être de tous les instants pour éviter que de tels idiots prennent le pouvoir. La crise économique actuelle est elle aussi tout à fait en ligne avec un reaganisme débridé prônant la dérèglementation à tout vent et une apologie de la richesse indécente, une pornographie des inégalités sociales.

Les Z seront de gauche ou ne seront pas. Les défis auxquels ils font face ne peuvent être rêglés par le marché ou par les multinationales. Ce sont les réseaux sociaux et la politique qui peuvent déployer les moyens nécessaires pour trouver des solutions novatrices et les mettre en application. Ils faut qu'ils tissent des liens entre eux avec les moyens qui sont les leurs, les technologies de l'information, Internet en tête afin de combattre l'hydre néo-libérale qui sévit depuis maintenant presque trente ans.

En fait, ce n'est pas tant le portrait d'une génération que je tente de faire ici: c'est un appel aux armes.


* http://research.unc.edu/endeavors/spr99/depress.htm

7 commentaires:

Anonyme a dit...

Beaucoup d'analystes politiques s'entendent pour dire les années Bush furent un cadeau pour la gauche américaine, cette même gauche qui a fait élire le premier président noir aux États-Unis.
Personnellement, je ne suis pas de gauche et encore moins de droite. C'est là une des difficultés de notre génération je crois, et encore plus une crise politique. Comment se définir, si comme tu le dis, c’est un mécanisme automatique du cerveau? On cherche à s’identifier, mais s’identifier à qui, à quoi et surtout pourquoi?
Devant cette crise économique, on cherche un messie, comme Obama représente l'espoir et le changement pour les États-Unis. Au Canada ou au Québec, qui avons-nous? Stephen Harper? Mario Dumont? Pauline Marois? Michael Ignatieff?
Contrairement à toi, je ne pense pas que nous nous tournerons vers la gauche. Je crois plutôt que c'est le moment où l'on se dira : les extrêmes ne sont pas l'idéal. De droite comme de gauche. Surtout dans une société du consensus comme la nôtre. C’est un fait établi que chaque génération fait tout le contraire de la précédente. Mais comment faire autrement si les baby-boomers sont encore très nombreux et de plus en plus à la retraire et si la génération d’après (celle juste avant nous) se complaint et ne veut rien entendre d’un mouvement collectif? Comment les convaincre que la vie en société est possible? C’est un des enjeux principaux auxquels nous faisons face en tant que nouvelle génération qui arrive sur le marché du travail.
Et encore plus en tant de crise économique où les emplois sont coupés. Nous avons donc avantage à rester sur les bancs d’école pour aller chercher une spécialisation dans certains domaines. C’est l’occasion pour nous de penser à quel société nous voulons, quel modèle économique, quel projet de société nous voulons, quelles priorités nous voulons mettre de l’avant. Pour moi, cette crise économique est l'occasion de donner un visage plus humain au capitalisme. C'est ce à quoi j'aspire.
Le modèle capitaliste est dû pour une refonte. Laquelle? La question est sur toutes les lèvres et plutôt que chacun s'implique dans la redéfinition, j'ai l'impression que tout le monde attend qu'une personnalité forte fasse tout pour eux. Mais la politique ce n'est pas ça. La politique, la vie en société, pour être plus précise, c'est que chacun fasse sa part pour vivre ensemble, ce qui n'est pas le cas en ce moment.* La politique, c’est le débat, et non pas satisfaire le plus de gens possible. C’est la possibilité de pouvoir apporter des nuances, afin qu’un groupe ne soit pas exclu. C’est la possibilité d’être contre non pas par principe d’opposition, mais afin de favoriser le débat. Faire avancer les idées. Et cela ne peut pas passer autrement que par une société instruite. L’éducation se doit d’être au cœur de nos priorités.
Donc pour en revenir à la refonte, je crois que nous devons faire une refonte majeure de notre société. Politique, syndicats, démocratie, féminisme, masculinisme, laïcisation, etc. La liste est longue. Et tout ça ne pourra pas être accompli en une semaine ou en un mandat. Ce sont des projets de société majeurs. Plutôt que de lutter contre le capitalisme comme certains le prônent, il est plutôt temps de s'inclure dans les décisions politique et d'envoyer un message clair aux politiciens.
Les babys boomers prennent certes une grosse partie de la place, il est temps pour nous de s'impliquer et d'annoncer nos couleurs et nos opinions. Pour moi, cette prise de position passe d'abord par les médias. À l'heure où internet est un mode de communication très répandue, il serait primordial d'utiliser cette plateforme afin de rejoindre le plus de gens possible. Les blogues en sont un bon moyen.
La balle est dans notre camp?

*J'ai parfois l'impression que nous faisons comme la famille de Marie-Lou dans "À toi, pour toujours, ta Marie-Lou" de Michel Tremblay, c'est à dire vivre tout seul, ensemble. "On est une gang de tout seul ensemble". Ah... référence culturelle des années 60-70!

ambidextre a dit...

Tu as bien raison, chère anonyme. Ce n'est pas tant à la gauche traditionnelle à laquelle je voulais faire référence, mais plutôt à un ensemble d'idées à saveur sociale qui pourraient modérer les méfaits du capitalisme sauvage.

Et je suis vraiment d'accord avec toi que la recherche d'un "héros" politique c'est un piège à con. Dans sa théorie des cycles politiques, Platon parlait de ce phénomène comme étant un des vices fondamental de la démocraties qui mène directement vers l'instauration d'un tyran...

D'ailleurs, si l'on y pense, les plus grands bienfait de la démocratie n'est peut-être pas que le pouvoir soit dans les mains du peuple (ce qui n'est que partiellement vrai) mais plutôt qu'elle assure une transmission sans violence et légitime de celui-ci. Laissons les héros dans les films et retroussons nos manches pour s'occuper des problèmes qui nous affligent!

Symnd a dit...

hummm... un néo-boomer je suis? je sais pas. On verra bien torieux!

(pardon d'être si peu contructif)

ambidextre a dit...

Je sais pas Simon, j'aurais plus tendance à associer les Z à la génération qui a vécu la grande dépression des années '30. La crise économique que l'on vit présentement ressemble à la leur d'une certaine façon, non pas par son ampleur mais par ses causes, structurelles notamment. C'est une génération qui a dût réinventer l'État et revoir les préceptes économiques de fond en comble. Les boomers, de leur côté, semblent l'avoir eut facile. Leur nombre et la stabilité du monde dans lequel ils ont évolué les a fortement aider à assoir leur emprise sur notre monde.

E. a dit...

Je trouve ton billet très intéressant et j'aurais tendance à penser comme toi pour notre nouvelle génération. Soit on va bouger soit sa va stagner...

Anonyme a dit...

comment faire pour changer une mentalité capitaliste qui se veut?

L

ambidextre a dit...

Elle se veut? Je ne comprend pas la question.

J'imagine que si tu crois à l'efficacité de démocraties, alors l'implication politique est le moyen d'y parvenir. Si tu n'y crois pas, alors il faut que tu conteste par d'autres moyens, soit pour rendre la démocratie plus effective soit pour renverser le système. Engagement politique ou désobéissance civile.