mardi 10 juin 2008

Suite du huis clos

Sophie: N'approchez pas! (elle pointe le pistolet en sa direction) Y'a juste trois choses qui peuvent arriver maintenant... Soit je me tue, soit vous me forcez à vous tuez et puis je me tue ou soit vous réussissez à me convaincre de vivre. Je préfèrerais ne pas avoir à vous tirer dessus.

Le professeur: Tu veux qu'on parle alors...

Sophie: Je veux me suicider!

Le professeur: Pourquoi ici? Pourquoi maintenant?

Sophie: Vous nous avez parlé du suicide en nous parlant de Camus non?

Le professeur: Oui...

Sophie: Vous avez déjà vu un suicide?

Le professeur: Non, bien sûr.

Sophie: Alors vous savez pas de quoi vous parlez. Vous nous dites toujours de n'écrire que sur ce qu'on connait. Je vais "palier a cette difficulté" comme vous dites tout le temps; vous allez assister à mon suicide Et oui, on va en discuter avant, comme ça vous pourrez raconter le pourquoi à ceux qui voudront le savoir.

Le professeur: Je ne parle pas du suicide en lui-même, mais de ce qu'en dit Camus. Et il n'est pas question de te laisser faire ça dans ma salle de classe. Le suicide est une abdication, c'est refuser de se battre.

Sophie: Vous avez encore envie de me faire la morale? Même avec un 9mm pointé sur vous? J'aime pas les gens qui font la morale.Faire la morale c'est pas enseigné vous savez... c'est juste se préparer pour pouvoir dire plus tard: "J'te l'avais dis hein! J'te l'avais dis!" Laissez tombé la morale ok?

Le professeur: D'accord. Je t'écoute. De quoi veux-tu qu'on parle?

Sophie: Avancez vers l'arrière de la classe s'il vous plait. Ouais là! Assoyez-vous à ce bureau, non, l'autre... le mien. Ça sera plus difficile de vous sauvez ainsi. Et vous verrez peut-être un peu comment on voit la vie quand on est à ma place...

Le professeur: J'ai déjà été élève aussi tu sais.

Sophie: Ouais mais ça parait pas. Quand vous êtes devant la classe, vous portez un masque. Vous portiez déjà un masque quand vous étiez étudiant?

Le professeur: Je suis professeur, je dois garder une certaine distance entre moi et mes élèves. C'est normal non?

Sophie: Non! Surtout pas vous! Avec Camus vous nous enseigner la vie, mais comment faire confiance en quelqu'un qui porte un masque?

Le professeur: Tu crois Sophie que tu me ferais plus confiance si je ne portais pas de masque? Si j'arrivais dans la classe et que tu pourrais lire sur mon visage les difficultés de ma vie personnelle, mes états d'âme? Moi je crois que ça nuirait à ma crédibilité, à mon enseignement...

Sophie: Comment pouvez-vous nous parler de la détresse de l'homme face à l'absurdité de l'existence alors que vous nous donner l'impression d'avoir autant de sentiments qu'un robot?

Le professeur: C'est vraiment de ça dont tu veux parler en ce moment?

Sophie: Oui! Je veux voir ce qu'il y a derrière ce masque que vous portez. Qui êtes vous monsieur David? Que cachez-vous au regard des autres? C'est exactement ce que je veux savoir.

Le professeur: Je ne comprend pas... En quoi cela t'intéresse-t-il?

Sophie: Je suis entouré de masques. Les adultes en portent tous, surtout face à nous, les ados...

Le professeur: D'accord, mais pourquoi moi?

Sophie (haussant le ton): Arrêtez de poser des questions! On a pas toute la vie! Vous allez répondre aux miennes maintenant! Et pas de masque, pas de menterie sinon je vous fais un trou dans le pied!

2 commentaires:

ambidextre a dit...

Ok, court extrait cette fois-ci, mais je viens de perdre le courant dans l'orage et je préfère sauver ma batterie au cas à l'interruption de courant serait très longue...

Anonyme a dit...

This is great info to know.