Petite Saturne
À quoi pense-tu
Quand tu es dans la lune?
Pense-tu un peu à moi?
À moi qui ne suis
Qu'une de tes nombreuses lunes
Un de ces gros caillou
Qui te tourne toujours autour
Je suis ta lune, un brillant sourire
Qui n'attend plus de te voir construire
Un gros vaisseau, une fusée spatiale
Afin d'enfin venir m'aluner
Et ça tourne, ça tourne Saturne
Et ça tourne dans ma tête
Et ça tourne, ça tourne Saturne
Ça tourne Saturne
Petite nébuleuse
De quoi peux-tu avoir peur?
Pourquoi dois-tu toujours
Fuir mon tout petit amour?
Je suis ta lune, un brillant sourire
Qui n'attend plus de te voir construire
Un gros vaisseau, une fusée spatiale
Afin d'enfin venir m'aluner
Et ça tourne, ça tourne Saturne
Et ça tourne dans ta tête
Et ça tourne, ça tourne Saturne
Ça tourne Saturne
Et ça tourne, ça tourne Saturne
Ça tourne dans nos têtes
Et si tu veux que ça cesse
Tu n'a qu'à me dire:
Je t'aime
jeudi 18 septembre 2008
jeudi 31 juillet 2008
Du courage
Je parcourais un blog fort intéressant à mes yeux, celui de madame Poulpe, toujours plein d'esprit et de style, lorsque je suis tomber sur l'un de ses vieux billet qui s'interrogeait sur la notion de courage. La peur étant mon sujet de réflexion favori, à la fois dans une perspective personnelle, politique et philosophique, toute réflexion sur le courage m'interpelle.
À l'exemple dudit céphalopode, j'ai consulté mon Robert et j'y ai découvert deux définitions au terme en question. Courage: n.m. 1. Force morale, fait d'agir malgré les difficultés, énergie dans l'action. 2. Fait de ne pas avoir peur; force devant le danger ou la souffrance (s'oppose à lâcheté, peur).
La première définition semble un peu poussiéreuse à première vue. Elle fait référence à la morale, une notion qui nous semble souvent flou et intimement liée aux différents dictats religieux. Pourtant elle me semble plus juste et plus d'actualité que jamais. Dans nos démocraties libérales, la société établie des lois qui représentent les contraintes minimum à respecter afin d'assurer un vivre-ensemble qui puisse être tolérable. Celles-ci reposent sur le respect d'un code qui édictent les valeurs qui doivent être respectés par tous afin de protéger un maximum de libertés individuelles. Ces chartes et ces lois reposent sur une conception négative de la liberté et devraient toujours être conçues avec le soucis d'imposer un minimum de contraintes au individus afin qu'il puisse bénéficier de l'espace de liberté ainsi créé comme ils l'entendent et dans le respect de la liberté des autres individus.
Ceci dit, un réseau minimal de lois et de règlement comporte forcément de nombreux trous, des failles qui se doivent d'être comblées par un jugement individuel ou collectif non directement imposé, que ce soit les bonnes manières, les différents codes sociaux, le gros bons sens, etc. Il y a un autre problème qui se pose aussi dans cette situation, celui de savoir quoi faire de cette liberté que l'on nous attribue. Ce deuxième problème est encore plus important que le premier dans la mesure où la réponse que l'on y donne s'avère souvent être un projet de vie, ce que nous voulons réellement faire et même souvent, ce que nous voulons être.
Ces deux défis émergeant des possibilités offertes aux individus dans nos sociétés libérales appellent à une solution pouvant fournir une base solide afin de les surmonter. Cette réponse pourrait très bien être le courage. Évidemment, je ne fais pas ici référence à n'importe quel courage, et surtout pas au courage illusoire issu de l'esprit grégaire tel qu'illustré par madame Poulpe, mais plutôt de cette force morale dont parle le Robert.
La morale et son petit frère plus terre-à-terre, l'éthique, répondent exactement aux deux défis mentionnés ci-dessus; ils permettent, dans l'idéal, de combler les failles des contraintes légales de façon satisfaisante, sans mettre à mal ni la conscience individuelle ni le vivre ensemble.
Que viens faire la force là-dedans me direz-vous? Comme aucune contrainte ne peut être imposée quand au choix du code moral qu'un individu adopte, ce choix devient donc individuel. En plus, il est très probable qu'aucun code moral existant ne corresponde aux visées de l'individu, laissant celui-ci face à un challenge encore beaucoup plus grand, se créé sa propre moral. La personne qui choisit cette voie doit faire un cheminement intellectuel et personnel ardu, une réflexion approfondie qui peut mener à plusieurs cul-de-sac, mais qui ultimement, amène à la seule vrai liberté possible, la liberté de conscience.
Finalement, il faut la force d'appliquer son code moral, de transformer celui-ci en éthique et en geste concret. Il faut souvent faire violence à son confort, à ses habitudes, à la facilité et possiblement à bien plus pour vivre ainsi. Il faut du courage au sens de la deuxième définition du Robert, et il en faut beaucoup.
À l'exemple dudit céphalopode, j'ai consulté mon Robert et j'y ai découvert deux définitions au terme en question. Courage: n.m. 1. Force morale, fait d'agir malgré les difficultés, énergie dans l'action. 2. Fait de ne pas avoir peur; force devant le danger ou la souffrance (s'oppose à lâcheté, peur).
La première définition semble un peu poussiéreuse à première vue. Elle fait référence à la morale, une notion qui nous semble souvent flou et intimement liée aux différents dictats religieux. Pourtant elle me semble plus juste et plus d'actualité que jamais. Dans nos démocraties libérales, la société établie des lois qui représentent les contraintes minimum à respecter afin d'assurer un vivre-ensemble qui puisse être tolérable. Celles-ci reposent sur le respect d'un code qui édictent les valeurs qui doivent être respectés par tous afin de protéger un maximum de libertés individuelles. Ces chartes et ces lois reposent sur une conception négative de la liberté et devraient toujours être conçues avec le soucis d'imposer un minimum de contraintes au individus afin qu'il puisse bénéficier de l'espace de liberté ainsi créé comme ils l'entendent et dans le respect de la liberté des autres individus.
Ceci dit, un réseau minimal de lois et de règlement comporte forcément de nombreux trous, des failles qui se doivent d'être comblées par un jugement individuel ou collectif non directement imposé, que ce soit les bonnes manières, les différents codes sociaux, le gros bons sens, etc. Il y a un autre problème qui se pose aussi dans cette situation, celui de savoir quoi faire de cette liberté que l'on nous attribue. Ce deuxième problème est encore plus important que le premier dans la mesure où la réponse que l'on y donne s'avère souvent être un projet de vie, ce que nous voulons réellement faire et même souvent, ce que nous voulons être.
Ces deux défis émergeant des possibilités offertes aux individus dans nos sociétés libérales appellent à une solution pouvant fournir une base solide afin de les surmonter. Cette réponse pourrait très bien être le courage. Évidemment, je ne fais pas ici référence à n'importe quel courage, et surtout pas au courage illusoire issu de l'esprit grégaire tel qu'illustré par madame Poulpe, mais plutôt de cette force morale dont parle le Robert.
La morale et son petit frère plus terre-à-terre, l'éthique, répondent exactement aux deux défis mentionnés ci-dessus; ils permettent, dans l'idéal, de combler les failles des contraintes légales de façon satisfaisante, sans mettre à mal ni la conscience individuelle ni le vivre ensemble.
Que viens faire la force là-dedans me direz-vous? Comme aucune contrainte ne peut être imposée quand au choix du code moral qu'un individu adopte, ce choix devient donc individuel. En plus, il est très probable qu'aucun code moral existant ne corresponde aux visées de l'individu, laissant celui-ci face à un challenge encore beaucoup plus grand, se créé sa propre moral. La personne qui choisit cette voie doit faire un cheminement intellectuel et personnel ardu, une réflexion approfondie qui peut mener à plusieurs cul-de-sac, mais qui ultimement, amène à la seule vrai liberté possible, la liberté de conscience.
Finalement, il faut la force d'appliquer son code moral, de transformer celui-ci en éthique et en geste concret. Il faut souvent faire violence à son confort, à ses habitudes, à la facilité et possiblement à bien plus pour vivre ainsi. Il faut du courage au sens de la deuxième définition du Robert, et il en faut beaucoup.
dimanche 22 juin 2008
Rêve significatif
Une amie est apparue dans mes rêves récemment me disant d'une voix forte qu'il était sept heures du matin. Ça m'a un peu réveillé et comme je m'étais endormi la veille sur le divan de mon salon, j'en ai profiter rejoindre mon lit. En me couchant, j'ai remarqué l'heure sur mon réveil-matin : 6h56. Je trouvais ça une drôle de coïncidence mais je me suis endormi sans trop y réfléchir.
À mon second réveil cette journée-là, j'ai compris quel sens donner à mon rêve : cette amie me donne l'heure juste! C'est vraiment le cas en plus. Comme j'aimerais que les rêves soient tous aussi simples à comprendre!
À mon second réveil cette journée-là, j'ai compris quel sens donner à mon rêve : cette amie me donne l'heure juste! C'est vraiment le cas en plus. Comme j'aimerais que les rêves soient tous aussi simples à comprendre!
vendredi 13 juin 2008
Folies photographiques
"- ... Dès que vous avez commencé, répétait-il, il n'y a aucune raison pour que vous vous arrêtiez. Il n'y a qu'un pas entre la réalité qui est photographiée en ce qu'elle nous apparaît belle et la réalité qui nous apparaît belle en ce qu'elle a été photographiée. Si vous photographiez Pierluca en train de bâtir son château de sable, il n'y a aucune raison de ne pas le photographier quand il pleure parce que le château s'est écroulé, et ensuite pendant que la nurse le console en lui faisant chercher un coquillage dans le sable. Il suffit que l'on commence à dire de quelque-chose: "Que c'est beau, il faudrait vraiment le photographier!", et on est aussitôt sur le terrain de ceux qui pensent que tout ce qui n'est pas photographié est perdu, que c'est comme si ça n'avait jamais existé, et que donc, pour vivre vraiment, il faut photographier le plus possible, et que, pour photographier le plus possible, il faut : soit vivre de la façon la plus photographiable possible, soit considérer photographiable chaque moment de son existence. La première voie conduit à la stupidité, la seconde à la folie."
Extrait de "L'aventure d'un photographe" d'Italo Calvino
Cette nouvelle m'a frappé. La stupidité et la folie photographique me semblent avoir prit une tournure franchement plus radicale dans les dernières années, s'accroissant non seulement de façon exponentielle grâce à la multiplication des appareils numériques bon marché, mais créant aussi une nouvelle pathologie très répandue grâce à la facilité de publication des clichés sur Internet. Quelle pathologie? La création de son propre double, d'un surmoi photographique plus beau, plus cool et tellement plus comique que notre pauvre moi de chair et d'os. Il y a une gradation des symptômes: on sélectionne d'abord nos plus belles photos, on se pratique à poser de façon à cacher nos défauts, à avoir l'air cool en toutes circonstances,ensuite on les trafique à l'aide de logiciels spécialisés et finalement on en vient à choisir nos activités en fonction de leur potentiel photographique. Mais ça ne s'arrête pas là, une fois que l'on a créé ce double, qu'il possède sa vie propre sur le Net, il faut s'arranger pour être à sa hauteur dans la vraie vie! C'est le dernier stage de cette folie et sûrement le plus dangereux.
Extrait de "L'aventure d'un photographe" d'Italo Calvino
Cette nouvelle m'a frappé. La stupidité et la folie photographique me semblent avoir prit une tournure franchement plus radicale dans les dernières années, s'accroissant non seulement de façon exponentielle grâce à la multiplication des appareils numériques bon marché, mais créant aussi une nouvelle pathologie très répandue grâce à la facilité de publication des clichés sur Internet. Quelle pathologie? La création de son propre double, d'un surmoi photographique plus beau, plus cool et tellement plus comique que notre pauvre moi de chair et d'os. Il y a une gradation des symptômes: on sélectionne d'abord nos plus belles photos, on se pratique à poser de façon à cacher nos défauts, à avoir l'air cool en toutes circonstances,ensuite on les trafique à l'aide de logiciels spécialisés et finalement on en vient à choisir nos activités en fonction de leur potentiel photographique. Mais ça ne s'arrête pas là, une fois que l'on a créé ce double, qu'il possède sa vie propre sur le Net, il faut s'arranger pour être à sa hauteur dans la vraie vie! C'est le dernier stage de cette folie et sûrement le plus dangereux.
mardi 10 juin 2008
Suite du huis clos
Sophie: N'approchez pas! (elle pointe le pistolet en sa direction) Y'a juste trois choses qui peuvent arriver maintenant... Soit je me tue, soit vous me forcez à vous tuez et puis je me tue ou soit vous réussissez à me convaincre de vivre. Je préfèrerais ne pas avoir à vous tirer dessus.
Le professeur: Tu veux qu'on parle alors...
Sophie: Je veux me suicider!
Le professeur: Pourquoi ici? Pourquoi maintenant?
Sophie: Vous nous avez parlé du suicide en nous parlant de Camus non?
Le professeur: Oui...
Sophie: Vous avez déjà vu un suicide?
Le professeur: Non, bien sûr.
Sophie: Alors vous savez pas de quoi vous parlez. Vous nous dites toujours de n'écrire que sur ce qu'on connait. Je vais "palier a cette difficulté" comme vous dites tout le temps; vous allez assister à mon suicide Et oui, on va en discuter avant, comme ça vous pourrez raconter le pourquoi à ceux qui voudront le savoir.
Le professeur: Je ne parle pas du suicide en lui-même, mais de ce qu'en dit Camus. Et il n'est pas question de te laisser faire ça dans ma salle de classe. Le suicide est une abdication, c'est refuser de se battre.
Sophie: Vous avez encore envie de me faire la morale? Même avec un 9mm pointé sur vous? J'aime pas les gens qui font la morale.Faire la morale c'est pas enseigné vous savez... c'est juste se préparer pour pouvoir dire plus tard: "J'te l'avais dis hein! J'te l'avais dis!" Laissez tombé la morale ok?
Le professeur: D'accord. Je t'écoute. De quoi veux-tu qu'on parle?
Sophie: Avancez vers l'arrière de la classe s'il vous plait. Ouais là! Assoyez-vous à ce bureau, non, l'autre... le mien. Ça sera plus difficile de vous sauvez ainsi. Et vous verrez peut-être un peu comment on voit la vie quand on est à ma place...
Le professeur: J'ai déjà été élève aussi tu sais.
Sophie: Ouais mais ça parait pas. Quand vous êtes devant la classe, vous portez un masque. Vous portiez déjà un masque quand vous étiez étudiant?
Le professeur: Je suis professeur, je dois garder une certaine distance entre moi et mes élèves. C'est normal non?
Sophie: Non! Surtout pas vous! Avec Camus vous nous enseigner la vie, mais comment faire confiance en quelqu'un qui porte un masque?
Le professeur: Tu crois Sophie que tu me ferais plus confiance si je ne portais pas de masque? Si j'arrivais dans la classe et que tu pourrais lire sur mon visage les difficultés de ma vie personnelle, mes états d'âme? Moi je crois que ça nuirait à ma crédibilité, à mon enseignement...
Sophie: Comment pouvez-vous nous parler de la détresse de l'homme face à l'absurdité de l'existence alors que vous nous donner l'impression d'avoir autant de sentiments qu'un robot?
Le professeur: C'est vraiment de ça dont tu veux parler en ce moment?
Sophie: Oui! Je veux voir ce qu'il y a derrière ce masque que vous portez. Qui êtes vous monsieur David? Que cachez-vous au regard des autres? C'est exactement ce que je veux savoir.
Le professeur: Je ne comprend pas... En quoi cela t'intéresse-t-il?
Sophie: Je suis entouré de masques. Les adultes en portent tous, surtout face à nous, les ados...
Le professeur: D'accord, mais pourquoi moi?
Sophie (haussant le ton): Arrêtez de poser des questions! On a pas toute la vie! Vous allez répondre aux miennes maintenant! Et pas de masque, pas de menterie sinon je vous fais un trou dans le pied!
Le professeur: Tu veux qu'on parle alors...
Sophie: Je veux me suicider!
Le professeur: Pourquoi ici? Pourquoi maintenant?
Sophie: Vous nous avez parlé du suicide en nous parlant de Camus non?
Le professeur: Oui...
Sophie: Vous avez déjà vu un suicide?
Le professeur: Non, bien sûr.
Sophie: Alors vous savez pas de quoi vous parlez. Vous nous dites toujours de n'écrire que sur ce qu'on connait. Je vais "palier a cette difficulté" comme vous dites tout le temps; vous allez assister à mon suicide Et oui, on va en discuter avant, comme ça vous pourrez raconter le pourquoi à ceux qui voudront le savoir.
Le professeur: Je ne parle pas du suicide en lui-même, mais de ce qu'en dit Camus. Et il n'est pas question de te laisser faire ça dans ma salle de classe. Le suicide est une abdication, c'est refuser de se battre.
Sophie: Vous avez encore envie de me faire la morale? Même avec un 9mm pointé sur vous? J'aime pas les gens qui font la morale.Faire la morale c'est pas enseigné vous savez... c'est juste se préparer pour pouvoir dire plus tard: "J'te l'avais dis hein! J'te l'avais dis!" Laissez tombé la morale ok?
Le professeur: D'accord. Je t'écoute. De quoi veux-tu qu'on parle?
Sophie: Avancez vers l'arrière de la classe s'il vous plait. Ouais là! Assoyez-vous à ce bureau, non, l'autre... le mien. Ça sera plus difficile de vous sauvez ainsi. Et vous verrez peut-être un peu comment on voit la vie quand on est à ma place...
Le professeur: J'ai déjà été élève aussi tu sais.
Sophie: Ouais mais ça parait pas. Quand vous êtes devant la classe, vous portez un masque. Vous portiez déjà un masque quand vous étiez étudiant?
Le professeur: Je suis professeur, je dois garder une certaine distance entre moi et mes élèves. C'est normal non?
Sophie: Non! Surtout pas vous! Avec Camus vous nous enseigner la vie, mais comment faire confiance en quelqu'un qui porte un masque?
Le professeur: Tu crois Sophie que tu me ferais plus confiance si je ne portais pas de masque? Si j'arrivais dans la classe et que tu pourrais lire sur mon visage les difficultés de ma vie personnelle, mes états d'âme? Moi je crois que ça nuirait à ma crédibilité, à mon enseignement...
Sophie: Comment pouvez-vous nous parler de la détresse de l'homme face à l'absurdité de l'existence alors que vous nous donner l'impression d'avoir autant de sentiments qu'un robot?
Le professeur: C'est vraiment de ça dont tu veux parler en ce moment?
Sophie: Oui! Je veux voir ce qu'il y a derrière ce masque que vous portez. Qui êtes vous monsieur David? Que cachez-vous au regard des autres? C'est exactement ce que je veux savoir.
Le professeur: Je ne comprend pas... En quoi cela t'intéresse-t-il?
Sophie: Je suis entouré de masques. Les adultes en portent tous, surtout face à nous, les ados...
Le professeur: D'accord, mais pourquoi moi?
Sophie (haussant le ton): Arrêtez de poser des questions! On a pas toute la vie! Vous allez répondre aux miennes maintenant! Et pas de masque, pas de menterie sinon je vous fais un trou dans le pied!
lundi 9 juin 2008
Début de huis clos
Du brouhaha d'une classe d'étudiants du secondaire s'activant se fait entendre. On voit un professeur de dos devant son tableau noir, bout de craie à la main.
Le professeur: J'ai pas encore terminé!
La cloche annonçant la fin des cours se fait entendre. Le professeur se retourne. Début trentaine il a l'air encore jeune. Son autorité n'est pas encore affirmée. Le brouhaha de la classe est plus intense, le professeur cri presque pour l'enterrer.
Le professeur: N'oubliez pas de lire le dernier chapitre du livre! C'est de loin le plus intéressant et il est très important pour l'examen du Ministère qui n'est plus que dans trois semaines... Trois semaines!
Le professeur dépose sa craie en se retournant de nouveau vers le tableau et entreprend d'effacer celui-ci à l'aide de la brosse qu'il a saisi dans le même élan. Sophie se tient maintenant derrière lui. Elle a 15 ans. Elle porte l'uniforme typique des collèges privés, jupe, blouse, etc...
Sophie: Monsieur David...
Le professeur (sans se retourner): Qui a-t-il?
Sophie: C'est que j'aimerais vous parlez...
Le professeur jette un oeil sur elle et complète l'effaçage du tableau avant de se retourner vers elle en s'essuyant les mains.
Le professeur: Qui a-t-il, Sophie? C'est au sujet de l'examen?
Sophie: Non... Ben oui, un peu... Est-ce que ce que l'on a vu sur Camus va être à l'examen?
Le professeur: Non pas à l'examen du Ministère. J'en ai déjà parlé de ce qu'il y aurait à l'examen plusieurs fois. Dans deux semaines il y aura un petit examen sur Camus qui ne comptera que pour 5% de la note, mais tu sais déjà tout ça...
Sophie: Oui...
Le professeur: Quel est le problème Sophie? Y'a quelque-chose qui te tracasse?
Sophie: Oui...
Le professeur (un peu brusque): Parle, je t'écoute... Parle, on m'attend...
Sophie: Vous êtes vous déjà senti vide? Vous savez, comme si vous ne ressentiez plus rien...
Le professeur: Non, je ne crois pas.
Sophie: Vous ne vous êtes jamais senti mort même si vous êtes vivant?
Le professeur (la prenant plus au sérieux): Non, je ne crois pas... Tu te sens ainsi? Vide?
Sophie: Oui, morte.
Le professeur: Qu'est-ce qui se passe Sophie? Ça fait quelques temps que je remarque que tu es dans la lune pendant les cours...
Sophie: Vous avez remarquez? Je ne sais pas trop... Je sais pas pourquoi je vis. La vie est absurde.
Le professeur (maintenant appuyé sur son bureau): Oui. C'est pour ça que nous avons lu l'Étranger et discuter du Mythe de Sisyphe, pour trouver un sens à l'absurdité de la vie. Tu te souviens de notre discussion sur l'importance de la révolte, de l'importance de la canaliser...
Sophie: Ouais... Mais moi, je ressens rien. Je me sens morte. Je suis comme le suicidaire dont parle Camus, mais je suis déjà morte. J'ai pas de raison de vivre. J'ai pas de raison de chercher une raison de vivre. J'ai pas de vie. Il me manque rien mais pourtant il me manque tout, vous comprenez?
Le professeur: Pas trop, non. Je vois mal où tu veux en venir...
Sophie: Vous comprenez pas? J'suis morte!
Le professeur: Ne cri pas.
Sophie: J'veux mourir!
Sophie sort un pistolet de son sac à dos.
Le professeur: C'est un vrai ça Sophie?
Sophie: Oui monsieur David.
Le professeur: Donne-le moi. Il faut pas jouer avec ces trucs.
Sophie: Ne me parlez pas comme si j'étais une gamine. Je sais très bien comment il fonctionne. Regardez, le cran de sureté est ici. Là il est sécuritaire, là il ne l'est plus.
Le professeur: Donne-moi ce pistolet tout de suite!
Sophie: N'approchez pas! (elle pointe le pistolet en sa direction) Y'a juste trois choses qui peuvent arriver maintenant... Soit je me tue, soit vous me forcez à vous tuez et puis je me tue ou soit vous réussissez à me convaincre de vivre. Je préfèrerais ne pas avoir à vous tirer dessus.
Le professeur: J'ai pas encore terminé!
La cloche annonçant la fin des cours se fait entendre. Le professeur se retourne. Début trentaine il a l'air encore jeune. Son autorité n'est pas encore affirmée. Le brouhaha de la classe est plus intense, le professeur cri presque pour l'enterrer.
Le professeur: N'oubliez pas de lire le dernier chapitre du livre! C'est de loin le plus intéressant et il est très important pour l'examen du Ministère qui n'est plus que dans trois semaines... Trois semaines!
Le professeur dépose sa craie en se retournant de nouveau vers le tableau et entreprend d'effacer celui-ci à l'aide de la brosse qu'il a saisi dans le même élan. Sophie se tient maintenant derrière lui. Elle a 15 ans. Elle porte l'uniforme typique des collèges privés, jupe, blouse, etc...
Sophie: Monsieur David...
Le professeur (sans se retourner): Qui a-t-il?
Sophie: C'est que j'aimerais vous parlez...
Le professeur jette un oeil sur elle et complète l'effaçage du tableau avant de se retourner vers elle en s'essuyant les mains.
Le professeur: Qui a-t-il, Sophie? C'est au sujet de l'examen?
Sophie: Non... Ben oui, un peu... Est-ce que ce que l'on a vu sur Camus va être à l'examen?
Le professeur: Non pas à l'examen du Ministère. J'en ai déjà parlé de ce qu'il y aurait à l'examen plusieurs fois. Dans deux semaines il y aura un petit examen sur Camus qui ne comptera que pour 5% de la note, mais tu sais déjà tout ça...
Sophie: Oui...
Le professeur: Quel est le problème Sophie? Y'a quelque-chose qui te tracasse?
Sophie: Oui...
Le professeur (un peu brusque): Parle, je t'écoute... Parle, on m'attend...
Sophie: Vous êtes vous déjà senti vide? Vous savez, comme si vous ne ressentiez plus rien...
Le professeur: Non, je ne crois pas.
Sophie: Vous ne vous êtes jamais senti mort même si vous êtes vivant?
Le professeur (la prenant plus au sérieux): Non, je ne crois pas... Tu te sens ainsi? Vide?
Sophie: Oui, morte.
Le professeur: Qu'est-ce qui se passe Sophie? Ça fait quelques temps que je remarque que tu es dans la lune pendant les cours...
Sophie: Vous avez remarquez? Je ne sais pas trop... Je sais pas pourquoi je vis. La vie est absurde.
Le professeur (maintenant appuyé sur son bureau): Oui. C'est pour ça que nous avons lu l'Étranger et discuter du Mythe de Sisyphe, pour trouver un sens à l'absurdité de la vie. Tu te souviens de notre discussion sur l'importance de la révolte, de l'importance de la canaliser...
Sophie: Ouais... Mais moi, je ressens rien. Je me sens morte. Je suis comme le suicidaire dont parle Camus, mais je suis déjà morte. J'ai pas de raison de vivre. J'ai pas de raison de chercher une raison de vivre. J'ai pas de vie. Il me manque rien mais pourtant il me manque tout, vous comprenez?
Le professeur: Pas trop, non. Je vois mal où tu veux en venir...
Sophie: Vous comprenez pas? J'suis morte!
Le professeur: Ne cri pas.
Sophie: J'veux mourir!
Sophie sort un pistolet de son sac à dos.
Le professeur: C'est un vrai ça Sophie?
Sophie: Oui monsieur David.
Le professeur: Donne-le moi. Il faut pas jouer avec ces trucs.
Sophie: Ne me parlez pas comme si j'étais une gamine. Je sais très bien comment il fonctionne. Regardez, le cran de sureté est ici. Là il est sécuritaire, là il ne l'est plus.
Le professeur: Donne-moi ce pistolet tout de suite!
Sophie: N'approchez pas! (elle pointe le pistolet en sa direction) Y'a juste trois choses qui peuvent arriver maintenant... Soit je me tue, soit vous me forcez à vous tuez et puis je me tue ou soit vous réussissez à me convaincre de vivre. Je préfèrerais ne pas avoir à vous tirer dessus.
mercredi 4 juin 2008
Le chèque
Ok, check ça man. L'autre jour moé pis Bob on avait bu un peu. Ben pas grand-chose là, une tite douze depuis le diner. Je sais pas, on était même pas feeling. En tout cas... il était genre 2 heures et demi de l'après-midi et on se demandait quand le facteur allait passer quand le facteur est passé. Ouais ben tsé, il attendait un chèque là... c'était un chèque pour son dos, ouais... ben Bob il a un mauvais dos, je te l'avais pas dis? Ben pas si mauvais que ça, mais faut pas le dire... Faque bon, on s'est pitché sur la boîte à mal... Quoi? Hahaha ouais, on appelle ça la boîte à mal parce que c'est là qu'on reçoit nos tchecks pis que c'est avec nos tchecks qu'on se paie nos cochonneries... Faque bon, on s'est pitcher sur la boîte à mal, question de voir si il aurait pas reçu son chèque de dos... Y'était rentré! Moé pis Bob on était content entends-tu, on est allé s'ouvrir nos 2 dernières Wild Cat... Ouais, je sais, ça goûte la pisse de chat, mais qu'est-ce tu veux, c'est mieux que rien! On regardait le chèque là... on se demandait se que l'on ferait avec. Bob m'a regarder puis il m'a dit que moi je ferais rien avec, que c'était SON chèque. Faque là j'lui ai dit : "Check Bob, j'en veux pas de ton tcheck, j'veux juste me faire du fun avec toé... Tu veux pas te faire du fun?" C'est toujours la même histoire avec Bob. Il veut pas partager son chèque, mais il veut pas boire seul. Il me regarde et me dit: "Ouais, c'est sûr là... Je fais quoi avec d'abord? J'ai envie d'une femme moi..." Là j'étais pas trop content. Elles coûtent chères les femmes, au moins trois caisses de 24, et Bob savait à peine quoi faire avec elles. Il me raconte ses histoires de putes tsé, et ça finit presque toujours qu'il débande et qu'elles s'en vont. À chaque fois ça le déprime, à chaque fois ça coûte cher. Bob a la dépression coûteuse. Donc là, j'lui dit : "Bâtard Bob, pourquoi tu veux encore te payer une pute si ça te soulage jamais?" Il me regarde de même... tsé, de son regard comme ça là, un peu poche, et il me dit qu'il aime les femmes... Osti! Bob qui aime les femmes astheur!!! On aura tout entendu! "Bob bâtard, c'est toutes des salopes! Elles t'ont ruiné, elle t'ont volé, elle t'ont emprisonné! Tu le sais ben criss... de quoi tu parles?" Bob savait pu où se mettre... "Ouais mais j'aime être en elles..." me lança-t-il fièrement. Sa fierté à vite prit son trou lorsque je lui ai demandé c'était quand la dernière fois qu'il avait jouit dans une fille. "Ok câliss d'alcoolique, on va juste s'acheter de la bière avec notre chèque!" On s'est saoulé pis on s'est faite du fun, le meilleur, celui entre deux vieux chums...
mardi 3 juin 2008
Balade nocturne
On se serait cru en 1979. Assis sur la banquette de sa Toronado 1975, Rock a ouvert sa fenêtre pour lancer la bouteille vide qu'il avait à la main. Il la regarda atterir sur le bitume sans éclater; bouteille brune, étiquette verte: sa bière préférée. L'énorme bagnole zigzaguait un peu. Nancy, les pieds sur le dash, bougeait les orteils. Fascinée elle demanda :
- Tu penses qu'elles sont vivantes?
- De quoi? Passe-moi une autre bière!
- T'es pas du monde criss! Check donc la route un peu!
Elle se contortiona pour atteindre une bouteille dans la caisse sous ses jambes. Elle ne voulait pas bouger ses pieds d'où ils étaient, son questionnement étant encore en flottement. Elle tendit la bouteille tiède à Rock qui grogna en retour. La position instable de Nancy rendit l'échange difficile; l'objet de désir alla choir sous les pieds de Rock.
Son coeur se mit à battre la chamade; l'adrénaline ne prenait qu'un dixième de seconde pour activer tout les mécanismes physiologiques en cas d'alerte. Le signal: deux grosses lumières déchiraient la nuit et se dirigeaient directement sur lui dans un grondement sourd. La tête allait lui éclater, une paralysie le gagnait. Que faire? La lumière l'enveloppait totalement maintenant.
- Tabarnack!
En se relevant la tête, la bouteille de retour dans sa main crottée, Rock avait tout juste eut le temps d'apercevoir le rongeur se tenant devant lui sur la route. Son autre main avait tirée sur le volant avec vigueur afin de l'éviter. Le pieds de Nancy et leurs dix consciences surprises quittèrent le plastique rougeâtre de la porte du coffre à gant; Nancy elle-même se retrouva sur le dos sur la banquette.
- Osti de siffleux! siffla Rock entre ses dents tout en décapsulant sa bière.
Nancy appréciait la perspective qui lui offrait sa nouvelle position; le tissu verdâtre du plafond.
Ses sièges Recaro étaient confortables mais il n'y pensait pas en ce moment. Ses pantalons légèrement baissés, sa main sur son sexe dur, un Hustler exposant une fille toute rasée sur ses genoux; il avait les yeux fermés. Il revoyait cette fois où il s'était fait attraper par surprise dans une halte routière, l'énorme main poilue du conducteur de poids lourd qui avait attrapé sa hose pendant qu'il urinait. Il avait aimé sentir tout le poids de celui-ci sur lui par la suite, dans la cabine. Toute une première fois...
Un bruit attira son attention; un bruit qu'il aimait. Il remonta brusquement son pantalon, laissa choir la revue et regarda ardemment son rétroviseur. Il allait enfin pouvoir s'amuser: un gros huit cylindres approchait. Dès que celui-ci fut à sa hauteur, il appuya à fond sur l'accélérateur faisant bondir son Acura modifiée. Rien ne l'excitait autant que la course sinon de la gagner contre une grosse bagnole américaine.
Nancy reposait sa tête sur les cuisses de Rock, observant ses pieds laissant des traces sur la vitre de la porte du côté passager. Rock gronda:
- Dégage, on a de la compagnie.
Nancy s'est redressée tant bien que mal. La vieille Toronado ne broncha pas: elle avait l'habitude de la vitesse et de la démesure. Malheureusement, la route devenait sinueuse et les virages se succédaient rapidement, faisant beaucoup trop travailler sa molle suspension conçue avant tout pour le confort. L'Acura était encore loin, mais elle approchait rapidement.
- Il nous rattrape! Nancy, tient le volant!
- J'peux pas man, j'suis stone!
- Tient-lé criss!
Elle obtempéra, tentant tant bien que mal de conserver l'énorme engin entre les lignes de la route. Rock s'est encore une fois penché par en avant afin cette fois-ci d'arracher un petit panneau de plastique.
- Écoute-moi bien, dès qu'il y a une ligne droite, tu me le dis et tu bouge plus le volant, ok?
- Quoi? Ok, ligne droite!!!
Rock arracha un fusible, tous les feux extérieurs de l'Oldsmobile s'éteignirent simultanément. Ne voyant plus la route Nancy lâcha un cri de surprise.
- On vole! Criat-elle en riant comme une damnée.
Rock freina immobilisant la voiture sur le bord de la route.
Chen ne vit plus la grosse américaine. Avait-elle prit le fossé en sortant du dernier virage? Il appuya sur le frein. La peur le gagnait, il ne voulait pas être impliqué ne serait-ce qu'indirectement dans un accident. Il fit demi-tour et se remit à songer au plaisir de la douleur.
- Tu penses qu'elles sont vivantes?
- De quoi? Passe-moi une autre bière!
- T'es pas du monde criss! Check donc la route un peu!
Elle se contortiona pour atteindre une bouteille dans la caisse sous ses jambes. Elle ne voulait pas bouger ses pieds d'où ils étaient, son questionnement étant encore en flottement. Elle tendit la bouteille tiède à Rock qui grogna en retour. La position instable de Nancy rendit l'échange difficile; l'objet de désir alla choir sous les pieds de Rock.
Son coeur se mit à battre la chamade; l'adrénaline ne prenait qu'un dixième de seconde pour activer tout les mécanismes physiologiques en cas d'alerte. Le signal: deux grosses lumières déchiraient la nuit et se dirigeaient directement sur lui dans un grondement sourd. La tête allait lui éclater, une paralysie le gagnait. Que faire? La lumière l'enveloppait totalement maintenant.
- Tabarnack!
En se relevant la tête, la bouteille de retour dans sa main crottée, Rock avait tout juste eut le temps d'apercevoir le rongeur se tenant devant lui sur la route. Son autre main avait tirée sur le volant avec vigueur afin de l'éviter. Le pieds de Nancy et leurs dix consciences surprises quittèrent le plastique rougeâtre de la porte du coffre à gant; Nancy elle-même se retrouva sur le dos sur la banquette.
- Osti de siffleux! siffla Rock entre ses dents tout en décapsulant sa bière.
Nancy appréciait la perspective qui lui offrait sa nouvelle position; le tissu verdâtre du plafond.
Ses sièges Recaro étaient confortables mais il n'y pensait pas en ce moment. Ses pantalons légèrement baissés, sa main sur son sexe dur, un Hustler exposant une fille toute rasée sur ses genoux; il avait les yeux fermés. Il revoyait cette fois où il s'était fait attraper par surprise dans une halte routière, l'énorme main poilue du conducteur de poids lourd qui avait attrapé sa hose pendant qu'il urinait. Il avait aimé sentir tout le poids de celui-ci sur lui par la suite, dans la cabine. Toute une première fois...
Un bruit attira son attention; un bruit qu'il aimait. Il remonta brusquement son pantalon, laissa choir la revue et regarda ardemment son rétroviseur. Il allait enfin pouvoir s'amuser: un gros huit cylindres approchait. Dès que celui-ci fut à sa hauteur, il appuya à fond sur l'accélérateur faisant bondir son Acura modifiée. Rien ne l'excitait autant que la course sinon de la gagner contre une grosse bagnole américaine.
Nancy reposait sa tête sur les cuisses de Rock, observant ses pieds laissant des traces sur la vitre de la porte du côté passager. Rock gronda:
- Dégage, on a de la compagnie.
Nancy s'est redressée tant bien que mal. La vieille Toronado ne broncha pas: elle avait l'habitude de la vitesse et de la démesure. Malheureusement, la route devenait sinueuse et les virages se succédaient rapidement, faisant beaucoup trop travailler sa molle suspension conçue avant tout pour le confort. L'Acura était encore loin, mais elle approchait rapidement.
- Il nous rattrape! Nancy, tient le volant!
- J'peux pas man, j'suis stone!
- Tient-lé criss!
Elle obtempéra, tentant tant bien que mal de conserver l'énorme engin entre les lignes de la route. Rock s'est encore une fois penché par en avant afin cette fois-ci d'arracher un petit panneau de plastique.
- Écoute-moi bien, dès qu'il y a une ligne droite, tu me le dis et tu bouge plus le volant, ok?
- Quoi? Ok, ligne droite!!!
Rock arracha un fusible, tous les feux extérieurs de l'Oldsmobile s'éteignirent simultanément. Ne voyant plus la route Nancy lâcha un cri de surprise.
- On vole! Criat-elle en riant comme une damnée.
Rock freina immobilisant la voiture sur le bord de la route.
Chen ne vit plus la grosse américaine. Avait-elle prit le fossé en sortant du dernier virage? Il appuya sur le frein. La peur le gagnait, il ne voulait pas être impliqué ne serait-ce qu'indirectement dans un accident. Il fit demi-tour et se remit à songer au plaisir de la douleur.
Au-delà de l'étymologie...
Selon certaines études menées sur le sujet, il existerait un lien entre le fait d'être ambidextre et la bisexualité qui ne serait pas qu'étymologique.
"Les résultats chez les hommes montrent que 4 % des droitiers et 4,5 % des gauchers sont bisexuels. Ce pourcentage monte à 9,2 % chez les ambidextres.
"Les résultats chez les hommes montrent que 4 % des droitiers et 4,5 % des gauchers sont bisexuels. Ce pourcentage monte à 9,2 % chez les ambidextres.
La tendance est la même chez les femmes, mais plus marquée. Environ 6,2 % des droitières se définissent comme bisexuelles et 6,3 % des gauchères. Le pourcentage grimpe à 15,6 % chez les utilisatrices des deux mains."
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Science-Sante/2006/12/14/002-Ambidextre.shtmllundi 2 juin 2008
Petite réflexion linguistique...
Le langage est l'outil de nos pensées, réfléchir à son sujet, à ses origines, c'est également réfléchir à ce que nous pensons et donc à ce que nous sommes.
Mon pseudonyme en ces lieux, ambidextre, existe comme mot depuis bien longtemps; le terme ambidexter possédait en bas latin exactement le même sens d'habilitée manuelle également répartie dans les deux mains. Celui-ci est formé de la racine latine ambo- signifiant "tous les deux" et du terme dexter qui désigne la droite. Posséder deux mains droites, ça semble une jolie expression , mais cela me semble cacher bien d'autres choses moins intéressantes lorsque l'on y regarde de plus près.
En latin, la gauche était désignée par le terme sinister qui possédait également d'autres sens dont on retrouve encore facilement la trace dans notre langue aujourd'hui. Sinister voulait aussi dire mauvais, pervers, fâcheux, etc. Le terme sinistre dérive d'ailleurs directement de ce sens. Que le terme désignant la gauche signifie désastre, malheur ou maladresse ne nous surprendra pas outre mesure, nous faisons la même chose en disant que quelqu'un est gauche, nous remplaçons indifféremment maladresse par gaucherie. Cela s'explique aisément, une grande majorité de la population est droitière et les chances de commettre des impaires de la main gauche maladroite est très élevée. Pour le 8 à 15 pourcent de la population pour qui la main gauche est la plus habile cependant, cela revient à une aberration sémantique qui aurait, au dire de certains, menée à une stigmatisation des gauchers dans certaines sociétés occidentales. Cela peut sembler assez aisé à croire lorsque l'on regarde le sort réservé aux minorités dans l'histoire.
La racine ambo- pose aussi un petit problème sémantique car bien qu'elle signifie "tous les deux", elle a servie à composer de nombreux mots dans lesquels son sens représente plus une confusion et un flou qu'un double apport. Ce sens nous provient encore de la langue latine.ambiguum par exemple est devenu ambigu et a conservé le même sens. Il est ici aussi facile de déduire l'origine de cette signification. Nous aimons ce qui est binaire, ce qui nous laissent uniquement le choix entre deux possibilités mutuellement exclusives: le vrai ou le faux, le noir ou le blanc, le bien ou le mal. Elles sont rassurantes, ces paires d'opposées: elles ne laissent aucune place à l'interprétation et sont ainsi très convaincantes. Pourtant, en biologie, pour la matière vivante qui nous compose, ces dualités parfaites sont pratiquement inexistantes et même lorsqu'elles existent, il s'y glisse presque tout le temps des exceptions qui viennent les remettre en question. La dualité biologique la plus forte est sans doute l'existence de deux sexes qui est à la base de l'évolution des espèces. Mais même en présence d'un principe aussi fort, la nature s'amuse à saupoudrer des exceptions qui nous laissent songeurs: les hermaphrodites, l'homosexualité (oui oui, même chez les animaux!), certaines espèces qui changent de sexe au cours de leur vie, etc... Maladroitement, je tente juste de démontrer qu'il est facile mais peu naturel de vouloir se contenter d'opposés parfaits, ils ne me semblent bons qu'à nous rassurer face à un monde dont la complexités est telle que nous ne parvenons que très difficilement à la saisir. Bien des gens semble préférer voir tout en noir et en blanc plutôt qu'en variation de tons et en couleur.
"Mais où veut-il en venir, nom d'une déesse romaine???" vous demandez-vous peut-être. Simplement à une réflexion sur la bisexualité qui, bien que n'étant pas réprimée, est si souvent incomprise et parfois même un peu stigmatisée au quotidien. Elle est déstabilisante, on est en-dehors du mode de réflexion binaire, elle est ambigüe... Les bisexuels ne font ni parti de la minorité persécutée, ni partie de la majorité et ils se retrouvent bien souvent rejetés par ces deux groupes. C'est une position bien inconfortable que celle-là et peu réussissent à l'assumer pleinement et au grand jour. Pourtant, les bisexuels ne seraient-ils pas plus à l'image de l'ambidextre, capable de tirer le meilleur de leur condition, de la co-existence de ces deux capacités d'aimer qu'ils possèdent? Parvenir à faire accepter sous ce jour la bisexualité est un défi qui est bien loin d'être relevé mais qui me semble essentiel pour tous ceux qui la vivent.
Si vous avez des suggestions de voyage pour Tantale, laissez-moi un commentaire!
Mon pseudonyme en ces lieux, ambidextre, existe comme mot depuis bien longtemps; le terme ambidexter possédait en bas latin exactement le même sens d'habilitée manuelle également répartie dans les deux mains. Celui-ci est formé de la racine latine ambo- signifiant "tous les deux" et du terme dexter qui désigne la droite. Posséder deux mains droites, ça semble une jolie expression , mais cela me semble cacher bien d'autres choses moins intéressantes lorsque l'on y regarde de plus près.
En latin, la gauche était désignée par le terme sinister qui possédait également d'autres sens dont on retrouve encore facilement la trace dans notre langue aujourd'hui. Sinister voulait aussi dire mauvais, pervers, fâcheux, etc. Le terme sinistre dérive d'ailleurs directement de ce sens. Que le terme désignant la gauche signifie désastre, malheur ou maladresse ne nous surprendra pas outre mesure, nous faisons la même chose en disant que quelqu'un est gauche, nous remplaçons indifféremment maladresse par gaucherie. Cela s'explique aisément, une grande majorité de la population est droitière et les chances de commettre des impaires de la main gauche maladroite est très élevée. Pour le 8 à 15 pourcent de la population pour qui la main gauche est la plus habile cependant, cela revient à une aberration sémantique qui aurait, au dire de certains, menée à une stigmatisation des gauchers dans certaines sociétés occidentales. Cela peut sembler assez aisé à croire lorsque l'on regarde le sort réservé aux minorités dans l'histoire.
La racine ambo- pose aussi un petit problème sémantique car bien qu'elle signifie "tous les deux", elle a servie à composer de nombreux mots dans lesquels son sens représente plus une confusion et un flou qu'un double apport. Ce sens nous provient encore de la langue latine.ambiguum par exemple est devenu ambigu et a conservé le même sens. Il est ici aussi facile de déduire l'origine de cette signification. Nous aimons ce qui est binaire, ce qui nous laissent uniquement le choix entre deux possibilités mutuellement exclusives: le vrai ou le faux, le noir ou le blanc, le bien ou le mal. Elles sont rassurantes, ces paires d'opposées: elles ne laissent aucune place à l'interprétation et sont ainsi très convaincantes. Pourtant, en biologie, pour la matière vivante qui nous compose, ces dualités parfaites sont pratiquement inexistantes et même lorsqu'elles existent, il s'y glisse presque tout le temps des exceptions qui viennent les remettre en question. La dualité biologique la plus forte est sans doute l'existence de deux sexes qui est à la base de l'évolution des espèces. Mais même en présence d'un principe aussi fort, la nature s'amuse à saupoudrer des exceptions qui nous laissent songeurs: les hermaphrodites, l'homosexualité (oui oui, même chez les animaux!), certaines espèces qui changent de sexe au cours de leur vie, etc... Maladroitement, je tente juste de démontrer qu'il est facile mais peu naturel de vouloir se contenter d'opposés parfaits, ils ne me semblent bons qu'à nous rassurer face à un monde dont la complexités est telle que nous ne parvenons que très difficilement à la saisir. Bien des gens semble préférer voir tout en noir et en blanc plutôt qu'en variation de tons et en couleur.
"Mais où veut-il en venir, nom d'une déesse romaine???" vous demandez-vous peut-être. Simplement à une réflexion sur la bisexualité qui, bien que n'étant pas réprimée, est si souvent incomprise et parfois même un peu stigmatisée au quotidien. Elle est déstabilisante, on est en-dehors du mode de réflexion binaire, elle est ambigüe... Les bisexuels ne font ni parti de la minorité persécutée, ni partie de la majorité et ils se retrouvent bien souvent rejetés par ces deux groupes. C'est une position bien inconfortable que celle-là et peu réussissent à l'assumer pleinement et au grand jour. Pourtant, les bisexuels ne seraient-ils pas plus à l'image de l'ambidextre, capable de tirer le meilleur de leur condition, de la co-existence de ces deux capacités d'aimer qu'ils possèdent? Parvenir à faire accepter sous ce jour la bisexualité est un défi qui est bien loin d'être relevé mais qui me semble essentiel pour tous ceux qui la vivent.
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dimanche 1 juin 2008
L'olive
Récemment, j'ai rencontré une demoiselle sur une terrasse pour ce qui était un premier rendez-vous. La terrasse était belle, la clientèle était chic et le service était comme il se doit en de tels endroits, snob et prétentieux. Nous nous sommes commandé deux pintes de bières qui furent servies avec un petit pot d'olives vertes. La demoiselle yeutait les olives avec envie: "C'est si bon les olives avec de la bière!", me dit-elle. Ses jolis yeux brillants virent la moue qui se dessinait sur mon visage, elle ajouta donc: "Tu sais, enfant j'aimais pas les olives non plus... mais depuis que j'y ai goûté adulte, j'aime vraiment ça. Je dois me retenir pour ne pas dévorer tout le pot. C'est très calorique, des olives..." Outrepassant le caractère calorique du fruit et l'absence d'intérêt d'un tel commentaire, je me suis demandé si moi aussi je verrais ces petites boules d'un autre oeil maintenant que je suis vieux et poilu.
Lui faisais-je confiance ou bien voulais-je plutôt l'impressionner? Quelle qu'en soit la raison, je me suis mis en tête d'essayer de goûter à une olive, ce petit condiment dont l'odeur seule suffisait, pendant la plus grande partie de ma vie, à produire en moi des haut-le-coeur et une nausée intolérables. J'ai demandé à la douce personne qui me faisait face quelle olive lui semblait la plus digne d'être la première de son espèce à être dévorée par ma bouche hésitante. Elle ricana mais ne me donna aucun indice. J'ai pris la première sur le dessus, en me disant que souvent, qui choisit prend pire. Après l'avoir observée pendant de longues secondes, puis reniflé pour voir si la nausée serait au rendez-vous, je l'ai mises dans ma bouche et je l'ai tout de suite croquée. Elle n'était pas aussi juteuse que je me serais attendu. Le goût un peu particulier me semblait tolérable. J'ai bien pris mon temps avant de m'emballer, mais il a bien fallut que j'en vienne à une conclusion claire, je ne pouvais plus dire que je n'aimais pas les olives!
J'ai levé les yeux vers la fille qui avait observé, curieuse, ma dégustation. Je me disais qu'elle était comme une olive, un peu ronde et charnue, attirante avec de la bière et possédant sûrement un drôle de goût salé. Malheureusement, comme l'olive, elle possédait un noyau dur. Nous nous sommes quitté pour ne plus jamais nous revoir...
Lui faisais-je confiance ou bien voulais-je plutôt l'impressionner? Quelle qu'en soit la raison, je me suis mis en tête d'essayer de goûter à une olive, ce petit condiment dont l'odeur seule suffisait, pendant la plus grande partie de ma vie, à produire en moi des haut-le-coeur et une nausée intolérables. J'ai demandé à la douce personne qui me faisait face quelle olive lui semblait la plus digne d'être la première de son espèce à être dévorée par ma bouche hésitante. Elle ricana mais ne me donna aucun indice. J'ai pris la première sur le dessus, en me disant que souvent, qui choisit prend pire. Après l'avoir observée pendant de longues secondes, puis reniflé pour voir si la nausée serait au rendez-vous, je l'ai mises dans ma bouche et je l'ai tout de suite croquée. Elle n'était pas aussi juteuse que je me serais attendu. Le goût un peu particulier me semblait tolérable. J'ai bien pris mon temps avant de m'emballer, mais il a bien fallut que j'en vienne à une conclusion claire, je ne pouvais plus dire que je n'aimais pas les olives!
J'ai levé les yeux vers la fille qui avait observé, curieuse, ma dégustation. Je me disais qu'elle était comme une olive, un peu ronde et charnue, attirante avec de la bière et possédant sûrement un drôle de goût salé. Malheureusement, comme l'olive, elle possédait un noyau dur. Nous nous sommes quitté pour ne plus jamais nous revoir...
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